Tradition
ORIGINE DE LA FETE DES IGNAMES DES AGNI AHUA.
Les agni de la tribu « AHUA » sont originaires de « N’DUBA », au Ghana. A l’instar des autres groupes akan, ils ont fui l’oppression « Danguira » pour émigrer en Côte d’Ivoire. Fuyant donc le Ghana, une première vague s’installa dans le Morounou précisément à Akakro sous la direction des ancêtres ATTIKORA AKA et ANE KAMELE. Mais, pour des raisons d’agriculture, de chasse et de pêche, un éclatement de ce peuple entraîna la naissance de nouvelles localités devenues aujourd’hui des villes. Il s’agit de : Abongoua, Arrah, Kotobi, Krégbé etc. La deuxième vague arriva plus tard, soit au XVIIe siècle dans l’indénié et se fixa sur les bords du fleuve Comoé, précisément à ANIANSSUE. Confrontés à une famine aux conséquences incalculables face à laquelle la consommation de fruits sauvages, de racines et d’autres tubercules étaient vaine, les « Agni-Ahua », dans le milieu du XIXe siècle, lorsqu’après plusieurs années de mouvements migratoires sous la conduite de Anet Kpangni découvrirent une terre fertile entourée de plusieurs cours d’eaux, ils y s’installèrent. Ceux-ci furent rejoints par d’autres clans agni pour former un gros village afin de pouvoir se protéger de leurs ennemis. Ceux-ci firent ainsi la découverte de l’igname, un tubercule de type particulier. Pour tester sa comestibilité, le chef fut le premier à en consommer. Alors, l’ayant trouvé très nourrissante, sa consommation fut vulgarisée. En reconnaissance de l’esprit de sacrifice, de la bravoure et du don de soi du Chef, les Agni-Ahua célèbrent la fête des ignames chaque année, au mois de décembre afin de raffermir leurs liens avec leurs ancêtres et de témoigner leur gratitude à l’igname pour ses bienfaits passés.
LE DEROULEMENT DE LA FETE DES IGNAMES
Malgré l’évolution du village avec la pression de la modernisation, la fête des ignames à Arrah, débute une semaine avant la date officielle de la célébration de l’évènement, c’est-à-dire le vendredi placé avant le dernier vendredi saint. Celle-ci débute donc par les sacrifices du ‘’N’gossou’’. Ce rituel qui consiste à adorer les fétiches, permet de créer un environnement protégé de l’ensemble du village et des populations. Par ailleurs, il faut préciser que la fête des ignames se déroule dans plusieurs villages Ahua, mais ces villages ne peuvent débuter leurs cérémonies qu’après le N’GOSSOU qui ne se fait qu’ARRAH car étant le chef-lieu de la tribu Ahua et possédant le fétiche protecteur de nos ancêtres s’y trouve. Sans le rituel du N’gossou qui se déroule dans la forêt sacrée, la fête des ignames ne peut donc être célébrée.
Cathédrale Sacré Cœur d’Arrah
Pour ce qui est de la cérémonie du vendredi, elle débute par la grande parade, avec la procession du Chef de Tribu, Nanan AKA 1er (Chef actuel) et de sa cour, de sa résidence au lieu de la cérémonie. Le souverain est accompagné par les Komians (féticheurs et féticheuses traditionnels) et de la fanfare jusqu’à la Place de la fête. La procession royale s’achève par la communication donnée par le tambour parleur qui établit la connexion entre toute l’assistance et les ancêtres. Aujourd’hui avec l’évolution de la société traditionnelle qui subit de fortes pressions de la civilisation occidentale et du fait du caractère international que les autorités veulent imprimer à cette fête, les organisateurs ont introduit plusieurs activités à cette cérémonie. Cette fête s ’étale donc sur plusieurs jours avec des activités comme le concours culinaire, l’élection des ‘’AWOULABA’’, de MISS, et du plus bel homme, des activités sportives, des jeux traditionnels, etc. Enfin les organisateurs s’attellent aussi à introduire un volet de visite touristique guidée pour la découverte des attraits originaux des Agni Ahua.